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LE GRAND CHAMBARDEMENT

 

Qui aurait cru en 1992 quand les Américains écrasaient tout sur leur passage aux Jeux de Barcelone que 10 ans plus tard ces mêmes Américains une première fois grandement inquiétés à Sydney seraient finalement défaits sur leur propre sol par des Argentins des Yougoslaves et encore des Espagnols ? Ni vous ni moi, inutile de jouer les Nostradamus en herbe après coup…

Et pourtant, en 10 ans il s’en est passé des choses, de quoi faire tirer la sonnette d’alarme plus d’une fois côté US.

Aujourd’hui ce ne sont pas moins de 65 joueurs non-Americains qui font partie de la toute puissante NBA qui quoi qu’on en dise reste le championnat le plus relevé de la planète orange. Et on commence même à voir des franchise players étrangers, ces joueurs sur lesquels on s’appuie pour construire une équipe, tel le blond chevalier teuton Dirk Nowitzki qui émargeait la saison passée à 23 points et 10 rebonds, un ailier fort capable de shooter à 3 points ou de faire plier les pivots adverses sous les fautes.

Une décennie plus tôt, il n’en va pas de même ; le divin chauve s’apprête à s’offrir un triplé avec les Bulls, on se pâme devant les exploits athlétiques des débutants Shaquille O’Neal et Grant Hill, seul un shooteur fou du nom de Drazen Petrovic se fait un nom dans la ligue professionnelle avec 22 points de moyenne avant de tristement décéder sur une autoroute allemande alors qu’il n’avait peut-être pas fait étalage de tout son immense talent.

Va alors s’en suivre une période durant laquelle les européens –oh il y a bien Smits Schrempf et Divac- vont connaître une traversée du désert. Certes, l’écart entre les équipes nationales et les " dream team " n’est plus toujours aussi large, mais rien de bien inquiétant.

En 1998, une grève des joueurs pros empêche même les Américains d’envoyer un contingent de joueurs capables de briguer l’or aux championnats du monde.

C’est certainement à cette époque que les premiers signes avant-coureurs du déclin américain sont apparents pour la première fois.

Diminution du nombre de points marqués par match, augmentation du nombre de dunks et de tirs à 3 points tentés, mais chute du pourcentage de réussite ! Les kids US sont obnubilés par le dunk…C’est à qui sautera le plus haut, qui rentrera le plus de tirs de loin…Un joueur illustre à lui seul cette dérive : le Shaq, sorte de basketteur hybride ayant hérité de la force d’un mammouth mais d’une adresse plus que douteuse(notamment aux lancers francs). Briseur de cercles notoire, Shaq a pour lui un physique hors norme ; 2m18 pour 145 kilos de muscles bien servi par sa détente sèche de 90cm et vous tenez là le pivot le plus dominant du siècle, paradoxe incroyable lorsqu’on sait qu’il peine à rentrer un lancer sur deux ! Mais aux USA, un dunk surpuissant vaut bien 2 lancers ratés. Un théorème qui s’applique jusque dans les sacrosaintes universités de la NCAA, lieu de formation de la plupart des joueurs Américains. Cette mauvaise habitude commence d’ailleurs à lasser certains et non des moindres, comme le coach de la prestigieuse université de Georgetown, John Thompson qui a formé des pivots renommés( Pat Ewing, Zo Mourning).

Mais c’est plus au Sud, à l’Université de North Carolina qu’il faut y voir la répétition de ce à quoi on va assister 4 ans plus tard…

Y sévit la paire la plus spectaculaire de tout le pays, j’ai nommé Vince Carter et Antawn Jamison. Ces 2 iconoclastes peuvent se targuer d’avoir permis à ESPN la chaîne sportive câblée US de réaliser ses plus forts taux d’audimats universitaires hors March Madness…

La raison ? Un sens du show et une volonté de casser du cercle hors norme. J’en veux pour preuve un de ces traditionnels match-ups entre UNC et Duke, le grand rival universitaire.

Je ne peux me rappeler le nombre de dunks et de tentatives de alley-oops au cours de la partie, mais on ne devait pas être loin de la trentaine ! Alors evidemment quel spectacle, Ed Cota off the glass pour Carter en caravane le nez sur l’arceau, Jamison en transition BOOM SLAMDUNK, un jeu et une envie motivés par une des plus grandes rivalités sportives aux USA…

Mais au total, le constat qui s’impose, les jeunes Américains jouent une autre forme de basket que leurs glorieux aînés, les Rick Barry, les Pete Maravitch, les Jerry West ou autres Magic…

Ils ont perdu cette culture du shoot à mi-distance, il n’y a plus d’apôtre du " perimeter shot " comme ont pu l’être Bob Cousy ou Earl Monroe.

 

Et pendant ce temps-là en Europe, les sorciers Maljkovic Belov et Stankovic de former et de façonner des joueurs Européens de plus en plus athlétiques dans des systèmes défensifs de zone et d’individuelle avancés souvent issus des universitaires US !

Les années 90 vont voir débarquer pléthore de joueurs des pays de l’Est moulés dans un système strict mais pas rigide, ce qui va leur permettre d’exprimer tout leur potentiel créatif en gardant en tête les rudiments du basket " terrien " , le basket collectif, le vrai. Et même les Argentins débarquent en Espagne afin de profiter de la formation.

Des Danilovic, des Stoyakovic et des Djordjevic vont régner en maîtres sur l’Europe avant de s’exiler en NBA avec plus ou moins de bonheur pour les uns et les autres…

Les joueurs Européens ainsi sortis d’Italie d’Espagne ou de Grèce savent jouer ensemble, possèdent un bagage technique qui n’a rien à envier à leurs collègues d’outre-Atlantique, certes ils ont peut-être un peu moins de gaz…

Alors aujourd’hui les USA sont descendus de leur piédestal, ils remonteront probablement sur la première marche en 2004 avec le trinôme Jackson-Bryant-O’Neal, mais quid des championnats du monde 2006 ? Car une fois l’arme absolue Shaq à la retraite, le Monde jouera à nouveau les yeux dans les yeux avec les Nord-Américains ; on peut même déjà voir le futur échiquier du basket mondial s ‘aligner sur celui du hockey sur glace, autrefois propriété privée des Américains et des Canadiens : INDECIS…

 

L. Reynaud